Version PDF du Communiqué à télécharger ici : Communiqué de presse – CSE ouverture – 01-10-2019
OUVERTURES D’ÉCOLES INDÉPENDANTES À LA RENTRÉE 2019 : CE QUI CHANGE
Des écoles…
- … qui doivent se battre pour ouvrir malgré le tour de vis de la loi Gatel
- …encore plus en phase avec la demande sociale
- …qui doivent encore innover pédagogiquement et financièrement pour rencontrer le besoin de tous les élèves
QUELQUES CHIFFRES
En général :
341 nouvelles écoles, des premier et second degrés, ont reçu l’autorisation d’ouvrir de la part de l’Etat…
mais seulement 124 sont parvenues à ouvrir effectivement, car la loi Gatel rend plus difficile le recrutement des équipes pédagogiques (source : Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance du Ministère de l’Education nationale, 09/2019).
Rappelons qu’il y a en France 1580 établissements scolaires en tout (source CSE).
Pour mémoire, le rapport parlementaire de février 2018 donnait un chiffre de 1300 établissements hors contrat ouverts en 2017 dans toute la France (Rapport n° 277 (2017-2018) de Mme Annick BILLON, fait au nom de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication, déposé le 7 février 2018, Sénat).
En détails :
- Par niveau : le boom des maternelles.
60 % des ouvertures concernent le primaire et 40 % le secondaire. En raison de l’instruction obligatoire à 3 ans, les ouvertures de maternelles sont nombreuses (15 % de maternelle seule, et 40 % de maternelle-élémentaire). - Par lieu d’implantation : l’école hors contrat au secours de la ruralité.
45 % des ouvertures bénéficient à des communes de moins de 10 000 habitants (dont 29 % à des villages de moins de 2000 habitants). - Par pédagogie : les écoles mixent de plus en plus les pédagogies, au lieu de se référer à un pédagogue unique, même si Montessori reste la dominante. Les écoles mixent de plus en plus librement les inspirations pédagogiques, même dans les écoles fondées sur la pédagogie traditionnelle (9 % des créations) issue des frères des écoles chrétiennes et de hussards noirs de la République pour le primaire, et des jésuites pour le secondaire. Mais la référence Montessori continue à être revendiquée par plus de 40 % des nouvelles écoles.
- Par confession : toujours plus d’écoles aconfessionnelles.
A l’instar de l’évolution de la société, la part des écoles sans ancrage religieux se renforce : 87 % des ouvertures d’école sont sans religion, alors qu’elles ne sont que 70 % sur le total des écoles hors contrat en activité. - Par type d’enfants : une réponse aux enfants ayant des troubles de l’apprentissage.
12 % des nouvelles écoles ont développé des pédagogies conçues pour les besoins pédagogiques spécifiques de leurs élèves (dys, TDAH, haut potentiel…). La France est très en retard par rapport à un pays comme la Grande-Bretagne pour la prise en compte des « special needs » mais le secteur hors contrat est celui qui contribue le plus en France à rattraper ce retard pour que l’école n’ait pas d’inclusif que le nom. - Par tarifs : des écoles encore trop chères pour être accessibles à tous.
62 % des nouvelles écoles ouvertes demandent des frais de scolarités supérieurs à 300 euros par mois (sondage FPE août 2019). En l’absence de soutien financier de l’Etat aux écoles associatives pratiquant une pédagogie différente de l’Education nationale, de plus en plus de créateurs n’ont d’autre choix que d’opter pour un structure lucrative et les tarifs qui en découlent, alors qu’ils ont bien souvent des objectifs sociaux. Le prouve notamment le fait que 34 % des nouvelles écoles créées proposent des tarifs indexés sur le revenu des familles ( et toutes par rapport au nombre d’enfants).
LES QUATRE DÉFIS DE LA RENTRÉE POUR LES ÉCOLES VRAIMENT LIBRES
AU SERVICE DE TOUS LES ENFANT
- L’augmentation des exigences légales relatives au profil des directeurs d’établissement scolaire hors contrat et des enseignants : la loi du 18 avril 2018, visant à simplifier et mieux encadrer le régime d’ouverture des établissements privés hors contrat, exige désormais que les directeurs d’établissements aient au moins 5 ans d’expérience dans l’enseignement et que tous les enseignants aient un niveau attesté Bac +2, y compris pour les enfants de moins de 6 ans. « Pour les maternelles, ce n’est pas facile car nombre de diplômes d’éducateur sérieux ne sont pas reconnus équivalents à Bac +2. L’exigence de 5 ans d’activité préalable en établissement d’enseignement est un frein malheureux au recrutement d’excellents directeurs, dans un contexte marqué par la crise des vocations enseignantes et la nécessité de chercher des talents hors des établissements scolaires », explique Anne Coffinier.
- L’urgence de scolariser les enfants en situation de handicap ou ayant des besoins éducatifs spécifiques (troubles de l’apprentissage, dyslexie, TDAH, etc.) dans des écoles qui soient accessibles financièrement alors que 62 % des écoles ouvertes cette année pratiquent des tarifs supérieurs à 300 euros par mois (Créer son école).
- La pression des Brexiters, qui recherchent des « independant schools bilingues » qui soient au niveau de leurs homologues anglo-saxons.
- La nécessité de trouver des solutions pour maintenir des écoles en ruralité et dans la France périphérique, pour permettre aux populations de rester sur leur lieu de vie : « De nombreux maires ruraux nous appellent au secours. Il faut, selon eux, trouver le moyen d’assurer la continuité du service public. Ils veulent savoir si la société civile peut créer une école associative avec l’aide du maire, pour innover pédagogiquement, offrir un service éducatif de proximité et lutter contre la fracture territoriale ? », résume Anne Coffinier.